LE FÉMINISME DE LA FÊTE DU 08 MARS ET CELUI DU QUOTIDIEN ...
J'attends le 8 mars crispée
à l'avance. Le féminisme devenu une autre grosse business de la Fââââmme fait
un retour en force.
En 2007, lorsque je fondais
le Musée de la Femme, la pertinence de ce type d’institution relevait de
l’inusité… l’égalité était alors considérée en boîte, réglée m’avait-on
soufflé. Aujourd’hui c’est le déluge, féministes par ci, féministes par-là,
féministes coûte que coûte…C’est open... Même plus peur ! Merci d’avance.
Le 08 mars politically correct,
commercial, évènementiel et tendance s’inscrit dans cette instantanéité où un
drame chasse l’autre, à l’image du phénomène assourdissant Bring back our
girls, dénoncé sur les réseaux sociaux puis étouffé. Puis il y a eu le bris des
silences … puis plus rien, rien que des murmures et des célébrations. Et
pendant que nous nous congratulons ainsi de nos avancées yoyo sur fond de
silence radio, il y a l’infini flots de reculs, des viols non résolus tout près
de chez nous, des disparitions de femmes amérindiennes trop démoralisantes pour
être audibles …
Vivre le féminisme est plus
qu’un like, un tweet, un discours, un party de filles ou une banderole. C’est
une démarche intégrée, cohérente qui « dépassent largement les droits et
les revendications [1]» et qui amène à voir.
Toute révolution est due à une élévation des aspirations
Se gargariser de l’histoire
des femmes et non du désir d’égalité hommes-femmes, sur fond de nostalgie du
chemin parcouru, est-ce là donc le prix de l’égalité hommes-femmes ?
Toute révolution est due à
une élévation des aspirations. Au-delà du label féministe, de la féminisation
des noms de métiers, de la journée sans maquillage et des cupcakes à l’effigie
de la cause, la violence faites aux femmes peine à se financer : en
matière de condition féminine, le prisme du cercle de la violence n’est familier
aux professionnels (lles) de la politique au féminisme fragmenté et
aux entreprises au féminisme édulcoré que comme étant rien qu’un cercle.
Le désir d’égalité
hommes-femmes ne peut s’instrumentaliser : il est là chaque matin où les
ressources pour les femmes sont précaires, mises à mal ou inexistantes.
Désir ou comédie?
À force de vouloir faire du
capital sur le dos du féminisme, on tire en l’air ! Au-delà des
célébrations huitmars-nesques, l’atteinte de l’égalité ou mieux, la conscience
de l’atteinte de l’égalité reste encore un défi : la prise de conscience
impliquant indubitablement une réflexion sur soi. Kant soutenait que la
puissance de réflexion qu’est la conscience (propre au sujet pensant) élève
l’homme « infiniment » au-dessus de tous les autres êtres vivants.
L’inconscience, dans cette perspective, irait de pair avec l’irresponsabilité
morale. Elle signalerait la faiblesse ou la déficience de la volonté.
Le Musée de la Femme situé
à Longueuil a comme ambition d’être à la hauteur de la contribution des
femmes. Il préconise une attitude participative versus une attitude
contemplative. Le musée, comme institution est donc un « lieu hautement
politique[2] ». Il donne à voir, il raconte une
histoire : celle qui « amène à voir » comment les politiciens et les
partenariats tentent de remodeler le musée. Pour Roland Arpin, le musée se doit
de faire la différence entre la fonction politique du musée et l’action
politique : le musée comme acteur social a pour mission de diffuser,
d’informer, d’éduquer, de conserver... mais pas la voie politique[3]. Il existe donc un enjeu de proximité qui
se traduit par la participation de la communauté : une audience et une démarche
qui permet tout au long des étapes de l’enracinement du Musée de la Femme dans
la collectivité, d’enclencher la réflexion sur l’évolution de la condition
féminine, le renforcement du leadership des femmes, le genre, les constructions
sociales, le destin «probable », pour faire de l’Histoire.
Une solidarité plus que nécessaire
Désirer l'égalité entre les
femmes et les hommes nécessite une honnêteté intellectuelle doublée d’une vigilance
psychique, c’est-à-dire éveil et attention. Elle implique la prise en compte d’une
de ces questions transversales qui croisent toutes les autres discriminations.
Qu’elles soient liées à l'origine, au handicap, à l'âge, à l'orientation
sexuelle... et à l'ensemble des questions politiques et sociales, que ce soit
l'emploi, la pauvreté, le logement, les violences, la culture, l'aménagement du
territoire…
Le mouvement féministe a
une histoire : «[en] la femme se recoupent l'histoire de toutes les
femmes, son histoire personnelle, l'histoire nationale et internationale [4]». La transmission de nos récits croisés requiert
une aptitude à revenir régulièrement au point d'ancrage. Il est temps pour les
femmes de miser sur la force du NOMBRE. Le féminisme est capital et non un
capital !
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Le Musée de la Femme est le
1er au Canada et 8ième sur plus 45 Musées de femmes dans le monde. Il contribue
au renforcement du leadership des femmes et vous plonge au cœur de la vie des
femmes du Québec de 1617 à nos jours. www.museedelafemme.qc.ca
[1] Bourcier, M.-H. et Moliner, A. (2012). Comprendre le féminisme. Montréal : Max Milo Editions.
[2] Martinache, I.
(2008). Les musées, lieux hautement politiques. La Vie des idées. Récupéré de http://www.laviedesidees.fr/Les-musees-lieux-hautement.html.
[3] Arpin, R. (1999). La
fonction politique des musées. Montréal : Les Éditions Fides.
[4] Cixous, H. (1975).
Le Rire de la Méduse (pp. 39-54.). L'Arc, 6.
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